Vous voilà équipé pour une échappée photographique, des images plein la tête… Une fois sur place, vous allez devoir adopter les bons réflexes pour mener à bien votre projet : assurer la sécurité de votre matériel, organiser votre journée pour optimiser les moments consacrés à la prise de vue, être vigilant quant aux conditions climatiques que vous allez rencontrer et apprendre à aborder les populations locales pour les photographier dans le plus grand respect.
Le quotidien du photographe
Pour synthétiser ce qui a été abordé dans les deux chapitres précédents, voici finalement à quoi ressemblent les journées types d’un photographe professionnel en voyage. Le photographe se lève tôt et rentre tard pour profiter des lumières rasantes de l’aube et du couchant. Son matériel photo est toujours facilement accessible, au cas où… Il prend le temps, tous les jours, de le nettoyer et de vérifier qu’il est en bon état. Il prend soin de décharger régulièrement ses cartes mémoire puis de les formater, ou de trier ses pellicules photo pour trouver facile- ment les films vierges pendant une séance de prise de vue. Il a toujours, à portée de main, une batterie ou un jeu de piles de rechange. Pendant les heures de la journée durant lesquelles la lumière est moins intéressante pour la photographie, il parcourt les environs pour faire du repérage, passe du temps avec les gens pour nouer des contacts et collecter des informations… et fait la sieste lorsqu’il s’est levé très tôt. Il regarde des cartes topographiques pour trouver les points de vue les plus appropriés pour photographier tel ou tel paysage et flâne chez les marchands de cartes postales pour découvrir de nouveaux lieux ou de nouveaux angles de prise de vue. Toute sa journée, lorsqu’il ne prend pas de photos, est consacrée à la préparation des photos à venir.
Une image se fait en une fraction de seconde. Tout l’art de la photo- graphie de voyage, au-delà de la maîtrise technique, consiste à être au bon endroit au bon moment et à savoir repérer la scène ou le paysage qui feront une belle image.
Aborder les populations
N’avez-vous jamais envié les portraits réalisés par de grands photo- graphes en vous demandant comment ils avaient fait pour obtenir une expression si naturelle, si spontanée ? Photographier les gens dans leur quotidien est le rêve de beaucoup de voyageurs mais peu savent comment s’y prendre sur le terrain. Cela demande de la patience, un bon sens de l’observation, de grandes qualités relationnelles et une bonne dose d’humour pour mettre tout le monde à l’aise !
Établir un contact
La première chose à faire est d’établir un contact. Ne vous précipitez pas sur les gens pour les photographier sans leur parler au préalable ou, tout au moins, les saluer. Ayez en tête que la majorité des personnes que vous rencontrez sont flattées par le fait que vous ayez envie de les photographier. Proposez, éventuellement, d’envoyer les images à ceux qui acceptent de se laisser photographier et avec lesquels vous avez établi une relation de sympathie.
L’idéal est de pouvoir rester plusieurs jours dans un même lieu pour que votre présence (et celle de votre appareil photo) finisse par passer inaperçue. Cela vous permet de vous familiariser avec les habitudes locales, de connaître les heures des différentes activités de la journée et, ainsi, d’anticiper les meilleurs moments pour vos prises de vue.
Posez des questions, intéressez-vous à ce que font les gens que vous côtoyez, demandez-leur pourquoi ils font ceci de telle façon ou de telle autre, comment est rythmée leur année, quel est le rôle de chacun… Petit à petit, vos craintes et les leurs disparaîtront, et vous pourrez sortir votre appareil photo sans gêne pendant que chacun vaque naturellement à ses occupations. Vous verrez qu’au bout d’un moment, ce sont eux qui viendront vous chercher pour vous inviter à photographier une personne ou une activité particulière dont ils sont fiers. Le fait d’être une femme peut faciliter cette prise de contact, notamment pour photographier les femmes et les enfants (bain du bébé, repas, jeux, rencontres entre amies…).
Dans certaines circonstances, vous ne pouvez pas prendre le temps de construire une telle relation. Sur un marché où vous ne passez que quelques heures, ou dans la rue, le contact s’établit par le regard, un salut et un grand sourire. Cela suffit généralement pour comprendre si la personne accepte, ou refuse, d’être prise en photo.
Dans certains pays très occidentalisés, le contact peut être difficile à établir : les gens sont beaucoup plus pressés, fermés et méfiants que dans des pays plus « traditionnels ». Essayez de nouer une relation de sympathie avec, par exemple, les patrons de votre héberge- ment ou d’un restaurant, les responsables de l’office du tourisme, des Français rencontrés par le biais de l’ambassade… Expliquez ce pourquoi vous êtes venu et les images que vous souhaitez réaliser. Tous ces contacts auront très certainement de bonnes idées pour vous et pourront vous recommander auprès de proches ou de connaissances.
Savoir ne pas faire de photos
Lorsqu’il est manifeste qu’une personne ne souhaite pas être photographiée, n’insistez pas. Remerciez-la et continuez votre chemin. Si vous êtes sur un marché, par exemple, continuez à prendre vos photos en vous détournant pour signifier, de façon évidente pour tous, que vous avez compris le message. Les autres commerçants et les passants apprécieront votre respect et certains se manifesteront probablement pour être pris en photo. La personne qui a refusé vous rappellera peut-être en voyant l’intérêt exprimé par les autres.
N’acceptez jamais de donner de l’argent pour photographier quelqu’un. Cette pratique, très courante dans certains pays, ne fait que nuire à la relation entre touristes et population locale, et vous ne pourrez, par ailleurs, réaliser que des photos posées. Vous entretenez en outre le complexe d’infériorité de certains peuples par rapport aux « riches » voyageurs européens ; vous aurez ensuite de grandes difficultés à établir un contact sincère avec les populations locales.
Il nous est arrivé de passer du temps dans une famille de nomades en Mongolie, en plein hiver, pour un reportage sur la pratique de la chasse à l’aigle. Après une journée de prises de vue et un accueil très chaleureux, le père de famille nous a demandé trois dollars par cliché. Il avait compté le nombre de pellicules photo réalisées dans la jour- née et menaçait de nous les confisquer si nous ne le rémunérions pas. Nous avons refusé catégoriquement en lui proposant en contrepartie de payer hébergement et nourriture pour rester chez lui quelques jours supplémentaires et continuer à travailler. Il nous a raconté qu’une équipe de tournage l’avait rémunéré pour faire un film sur sa famille et que, depuis lors, il demandait de l’argent à tous ceux qui venaient faire films ou photos autour de chez lui. Après de longues discussions sans issue, nous sommes partis, préférant ne pas faire d’images que de les acheter, qui plus est, à un tarif disproportionné par rapport au niveau de vie local.
Respecter ses interlocuteurs
En aucun cas vous ne devez prendre de photos qui dévalorisent la personne, son mode de vie et ses croyances. En Mongolie toujours, une famille nous a raconté que des touristes les avaient pris en photo en train de faire leurs besoins dans la steppe. Un tel manque de respect est presque incroyable.
La photographie est un moyen de raconter votre voyage, de faire découvrir à vos proches une culture et un peuple dans toute sa dignité ou, pourquoi pas, dans ses difficultés quotidiennes. Ce ne doit, en aucun cas, devenir un outil au service du voyeurisme. Les gens qui sont en face de nous, en pays étranger, n’ont rien d’exotique : ils ont leurs traditions, leur histoire, leurs croyances, leur mode de vie, leurs difficultés, leurs faiblesses et leur noblesse, au même titre que chacun d’en- tre nous.
De même, tenez compte des us et coutumes locaux (signification de certains gestes, attitudes…) et des interdits de certains pays quant à la photographie de bâtiments administratifs, de sites militaires ou de symboles de l’État. Ne met- tez pas un autochtone en situa- tion critique en lui demandant de vous aider à réaliser certains cli- chés non autorisés dans son pays.
La sécurité du matériel
Vous êtes seul responsable de votre matériel photo. Où que vous alliez, gardez-le toujours avec vous et assurez-vous qu’il est en sécurité. Les risques de perte, de vol ou de détérioration sont trop importants pour que vous puissiez négliger cet aspect.
Les voyages en avion
Ayez en tête que vos bagages peuvent prendre du retard et n’arriver à destination que deux ou trois jours après vous. Combien de fois avons- nous entendu des voyageurs se plaindre à propos de sacs laissés en soute et qui avaient été ouverts au cutter et dévalisés, malmenés lors de transferts divers ou laissés sous la pluie sur le tarmac d’un aéroport. Si vous prenez l’avion, tout votre matériel photo doit voyager avec vous en cabine. Seuls les trépieds et les monopodes, considérés comme des armes potentielles, ne sont pas acceptés et doivent aller en soute.
La seule difficulté à laquelle vous allez être confronté est la limite de poids imposée par les compagnies aériennes et qui est généralement de l’ordre de 10 kg pour le bagage en cabine. Certaines compagnies sont très strictes (en particulier les compagnies low-cost européennes) et il est important de vous renseigner avant de partir pour être sûr de ne pas devoir, au dernier moment, placer votre sac photo en soute. Vous pouvez, dans certains cas, payer un siège supplémentaire pour pouvoir dépasser la limite des 10 kg. La majorité des compagnies régulières longs courriers sont assez indulgentes sur ce sujet et laissent passer des sacs photo dépassant les dimensions et le poids normalement autorisés. Au moment de l’embarquement, soyez coopératif et expliquez pourquoi vous êtes aussi chargé, où vous partez, ce que vous allez y faire, quelles photos vous pensez réaliser… Une fois dans l’avion, il est possible que votre sac ne rentre pas dans les coffres à bagages, surtout dans de petits avions de lignes intérieures. Ne forcez pas, placez-le sous votre siège. Gardez toujours vos photos sur vous (cartes mémoire, ordinateur portable, videur de carte, pellicules photo) : elles sont tout votre voyage !
Le bus, le train, le bateau
Les mêmes précautions sont à prendre quel que soit le moyen de transport collectif que vous utilisez : le sac photo doit rester près de vous, sous votre surveillance. Ne laissez jamais porter votre matériel photo, même pour quelques mètres, par une tierce personne que vous ne connaissez pas et qui pourrait s’enfuir avec, ou simplement le laisser tomber. Évitez de le laisser manipuler par le chauffeur d’un bus ou par d’autres voyageurs. Si vous devez vous déplacer, emportez votre sac photo avec vous autant que possible ou demandez à un autre passager de le surveiller en votre absence.
Si vous prenez le bus et que votre sac photo est imposant, le chauffeur vous demandera probablement de le mettre en soute avec les autres bagages. Essayez de discuter pour le garder avec vous, même s’il ne rentre pas dans les porte-bagages, sou- vent très étroits. Gardez-le si besoin sous votre siège ou sur vos genoux. C’est assez inconfortable, surtout lors de longs trajets sur des routes chaotiques, mais votre matériel sera mieux protégé que dans la soute.
Si vous voyez qu’il n’est pas possible de le garder avec vous pour voyager, restez au pied du bus jusqu’à la fermeture de tous les coffres pour vérifier que votre sac photo part bien avec vous, qu’il est rangé en dernier, sur le dessus, et qu’il n’est pas écrasé par un bagage de 20 ou 30 kg. À chaque arrêt du bus, descendez pour vous assurer que votre sac continue bien le voyage avec vous et qu’il est toujours correctement rangé.
La voiture
La voiture ne présente pas de risques particuliers pour le transport de votre matériel puisqu’il voyage avec vous. Si vous êtes dans une zone très urbanisée où règne une certaine insécurité, fermez le coffre ou les portes du véhicule à clé pendant que vous roulez. Si vous devez laisser votre matériel dans le véhicule, sans surveillance, cachez-le avec un vêtement ou enfermez-le dans le coffre en vous assurant que personne ne vous a vu l’y ranger. Dans la mesure du possible, emportez-le avec vous.
Prenez garde à la poussière si vous roulez sur des pistes et fermez les fenêtres chaque fois que vous croisez un véhicule. De même, en cas de forte chaleur, n’exposez pas votre sac photo au soleil.
À pied, à cheval, à vélo
Pour un voyage à pied, à cheval ou à vélo, le risque principal encouru par le matériel photo n’est pas le vol mais les chocs ou la chute, ainsi que le fait que vous êtes exposé toute la journée aux intempéries. Il faut que votre matériel soit très bien protégé en cas de grosse averse et que vous préveniez tous les risques possibles de chocs.
En randonnée à pied, vous êtes limité par le poids que vous êtes capable de porter, entre vos affaires personnelles et votre matériel photo. Vous pouvez utiliser une ceinture ventrale ou un sac photo en bandoulière pour avoir tout, ou partie, de votre matériel à portée de main pendant les heures où vous marchez. Il n’y a pas de risques particuliers pour le matériel autres que ceux liés à la prise de vue en extérieur (chute, choc, pluie, poussière…). Pensez à remettre vos bouchons sur les objectifs, lorsque vous ne prenez pas de photos, afin de protéger les lentilles de la poussière.
À cheval, vous pouvez voyager avec du matériel photo bien calé dans des sacoches placées à l’avant ou à l’arrière de la selle, selon le volume dont vous avez besoin. Ces sacoches de randonnée sont disponibles dans les magasins de sport, au rayon équitation, ou dans des boutiques spécialisées. Si vous savez que vous partez pour plusieurs jours à cheval, il est préférable d’avoir les vôtres car vous ne trouverez parfois rien d’équivalent sur place. Vous pouvez utiliser les compartiments modulables de votre sac photo ou des vêtements pour rembourrer les sacoches et protéger le matériel. Prenez soin de dissocier boîtier et objectifs (si vous avez un reflex) pour éviter de créer du jeu entre les bagues lorsque vous trottez ou galopez. Soyez toujours attentif à ne pas frotter vos sacoches contre un arbre ou un poteau et à ce qu’aucun autre cheval ne vienne se gratter la tête justement à l’endroit où est rangé votre appareil photo. Pour les mêmes raisons, si vous utilisez un cheval de bat, positionnez votre sac photo sur le dessus du cheval plutôt que sur les flancs ; vous éviterez ainsi les éclaboussures si vous traversez des cours d’eau, le matériel ne risquant pas de toucher l’eau.
Une sacoche ventrale présente un intérêt si vous avez un boîtier petit et léger ; dans le cas contraire, vous serez gêné chaque fois que vous voudrez descendre ou monter en selle. Si vous n’êtes pas bon cavalier, mieux vaut mettre pied à terre pour prendre vos photos plutôt que de risquer de faire tomber votre matériel ou d’affoler votre cheval en restant en selle avec votre appareil photo en main. Enfin, sachez que les sacoches se remplissent rapidement de poussière ; il est donc important de nettoyer tous les jours le matériel photo qui a voyagé à cheval et de secouer ou brosser les sacoches.
À vélo, équipez-vous de sacoches étanches et robustes pour protéger le matériel de l’humidité et d’une éventuelle chute. Si le vélo est votre principal mode de déplacement pendant le voyage, mieux vaut vous équiper avant de partir, réaliser des tests de portage et préparer au mieux vos sacoches. Si vous envisagez de louer un vélo occasionnellement sur place, inutile d’investir dans des sacoches spécifiques, onéreuses, encombrantes, et qui ne vous serviront qu’une seule fois : vous trouverez une solution sur place avec le loueur. Vous pouvez avoir, à portée de main, un appareil photo léger (compact ou bridge) dans une housse attachée au rétroviseur ou au guidon. Cela vous permet de réaliser des photos souvenirs en cours de route. Si vous emportez un boîtier reflex avec différentes optiques, il peut voyager dans un sac photo classique, lui-même rangé dans une sacoche à vélo fixée au porte-bagages. Vous devez alors vous arrêter et prendre le temps de sortir votre équipement lorsque vous souhaitez vous consacrer à la prise de vue. Ces mêmes conseils s’appliquent aux déplacements en deux roues motorisées, que ce soit pour une sortie occasionnelle ou un véritable voyage à moto, par exemple.
Sécurité des hébergements
Où que vous soyez, il vaut mieux être trop prudent que trop confiant, en particulier lorsque vous arrivez dans un lieu pour la première fois et que vous n’y connaissez personne. Ne laissez jamais votre sac photo ouvert en évidence devant une fenêtre (même lorsque vous êtes présent) dans une chambre d’hôtel : fermez les rideaux, si nécessaire, le temps d’ouvrir votre sac, ou positionnez-vous de telle sorte que votre matériel ne soit pas visible de l’extérieur. Si vous sortez, fermez votre sac et cachez-le sous un vêtement, ou au pied du lit, pour qu’il ne soit pas visible de l’extérieur, ni par les personnes qui viennent faire le ménage. Même dans les endroits les plus sûrs, mieux vaut ne tenter personne et éviter de montrer ce que vous transportez.
Si vous dormez sous une tente, les mêmes règles de discrétion s’appliquent. Rangez tout votre matériel dans le sac photo fermé et cachez-le sous un vêtement, ou sous votre duvet, dès que vous devez vous absenter. Ne l’ouvrez jamais en présence d’autres personnes qui pourraient voir son contenu et qui ne vous semblent pas de toute confiance, ou faites-le en vous positionnant de façon à dissimuler ce que contient votre sac.
Tout dépend du pays dans lequel vous vous trouvez mais, bien souvent, posséder du matériel photo est un signe de richesse, au même titre que d’avoir les moyens de voyager. Ne tentez pas les voleurs ou les curieux qui, même s’ils ne sont pas intéressés directement par votre sac photo, pourraient avoir envie de fouiller le reste de vos affaires. Des enfants peuvent aussi, par jeu, vouloir manipuler votre boîtier numérique en votre absence pour voir vos images ou s’essayer à la photographie.
Dans une foule
Vous aurez certainement l’occasion de flâner dans un marché, dans les rues grouillantes d’une capitale ou d’assister à des fêtes locales rassemblant tout un village. Si vous avez le temps, avant de prendre des photos, le mieux est d’aller faire un tour, les mains dans les poches, pour repérer les lieux, les sujets, les points de vue possibles (en hauteur, de loin, au cœur de la foule…) et sentir l’ambiance. Revenez, ensuite, avec un boîtier et un objectif léger du type 24-70 mm ou 28-105 mm. Si vous utilisez un sac à dos, portez-le toujours en position ventrale pour éviter que quelqu’un ne l’ouvre avec un cutter sans que vous ne vous en aperceviez lors d’une bousculade. Évitez de sortir de trop gros objectifs qui attirent l’attention sur vous et d’ouvrir votre sac photo en grand, au milieu de la foule, où son contenu pourrait faire des envieux. Gardez toujours la courroie de votre appareil photo autour du cou, ou enroulée autour de votre main, pour éviter le vol à la tire. Un passant, un cycliste, ou un motard ont vite fait de vous arracher le boîtier des mains, surtout si vous avez l’œil collé au viseur et que vous ne voyez rien venir. Ces précautions élémentaires deviendront, au fil du temps, des réflexes de terrain que vous appliquerez systématiquement même si, dans la grande majorité des cas, vous vous trouverez en présence de gens honnêtes et bien intentionnés !
Précautions liées au climat
En voyage, le matériel photo est exposé au froid, à la chaleur, à l’humidité, à la poussière et au sable, aux changements de température.
Dans tous les cas, mieux vaut prévenir que guérir. Connaître les risques encourus vous permettra de mieux vous préparer et de réagir de façon adaptée sur le terrain.
La chaleur
Qu’il soit argentique ou numérique, le matériel photo n’aime pas beau- coup la chaleur. Vous risquez des dérèglements électroniques et, en cas de très forte chaleur, une dilatation qui varie suivant la nature des pièces (métal, plastique) et peut créer des jeux, voire des déformations définitives. Ne laissez jamais votre sac photo en plein soleil. Dans un véhicule, placez-le dans la zone la plus fraîche : au sol ou sous un siège mais jamais derrière un pare-brise sur la plage arrière ou avant. Couvrez-le éventuellement d’un vêtement de couleur claire (les sacs photo sont souvent de couleur sombre et absorbent, de ce fait, la chaleur). Dès que cela est possible, laissez votre sac photo à l’ombre ou à l’abri, dans un endroit frais.
Si vous voyagez avec du matériel argentique, ce sont les pellicules qui craignent le plus les fortes températures. Vous risquez de modifier leur équilibre chromatique ou leur sensibilité, qu’elles soient vierges ou utilisées. Rangez-les dans un sac de couleur claire ou, mieux encore, dans une petite glacière ou un sac isotherme (disponibles dans les supermarchés, les pharmacies, les magasins spécialisés en matériel de camping ou de randonnée…).
Le froid
Votre matériel numérique ou argentique, ainsi que vos pellicules photo, supportent très bien le froid, y compris des températures extrêmes de l’ordre de – 20 ou – 30 °C. Le principal souci, ce sont les piles et les batteries dont l’énergie peut chuter, parfois après seulement quelques dizaines de minutes passées dans le froid. Il suffit de les réchauffer pour pouvoir continuer à travailler. Sortez donc toujours avec, dans votre poche, un jeu de piles ou une batterie de rechange pour pouvoir continuer vos prises de vue, le temps de réchauffer l’autre jeu avec la chaleur de votre corps, en les rangeant contre vous.
En camping, ou dans des hébergements non chauffés, mettez les piles dans votre sac de couchage pendant la nuit pour les maintenir à bonne température.
De même, soyez vigilant lorsque vous soumettez votre matériel photo à d’importants changements de température. Lorsque vous passez du froid (extérieur) au chaud (voiture, bâtiment), il se forme des gouttes de condensation sur le matériel photo. Si vous repassez dans le froid, alors que le matériel est encore humide, ces gouttelettes peuvent se transformer en glace et vous empêcher de faire vos photos à cause de la fine pellicule givrée qui se forme sur le viseur et les objectifs. Si vous envisagez de voyager dans ce type de conditions climatiques, emportez des sacs poubelles et rangez-y votre matériel photo lorsque vous êtes encore dehors. Quand vous passez du froid au chaud, la condensation se forme alors sur les parois du sac (qui doit être bien fermé) et non sur le boîtier. Vous pouvez, à tout moment, ressortir faire des photos en ouvrant le sac plastique une fois dehors. Dans les pays chauds, le même phénomène peut se produire en passant d’une pièce climatisée à l’extérieur, où la chaleur est étouffante.
En cas de températures extrêmement froides, pensez que toutes les parties métalliques (objectifs, boîtiers, trépieds et monopodes) vont vous coller aux mains. Avant de partir, enrobez-les d’une gaine en mousse ou de ruban adhésif. Prévoyez des gants fins pour vous protéger du froid et des parties métalliques collantes, tout en gardant la liberté de manipuler boîtiers et objectifs (ce qui est impossible avec des moufles ou des gants épais).
Si vous êtes en argentique, le film de vos pellicules photo peut devenir cassant à cause du froid et se rompre au moment où vous le chargez dans le boîtier, généralement au niveau de l’amorce, plus fragile. Dans ce cas, prévoyez une paire de ciseaux pour retailler la forme de l’amorce cassée, de façon à pouvoir charger votre appareil photo.
L’humidité
En cas de fine bruine ou de chute de neige, votre matériel photo ne risque pas grand-chose, même s’il n’est pas tropicalisé. Ne restez pas des heures sous la pluie, ou la neige, et essuyez bien votre boîtier et vos objectifs une fois revenu au sec. Vous pouvez aussi vous protéger en utilisant un grand parapluie ou en vous mettant à l’abri d’un porche ou dans un véhicule, fenêtre ouverte.
Les pays tropicaux. Si vous voyagez longtemps en pays tropical, méfiez- vous de l’humidité ! Des moisissures peuvent se développer entre les lentilles des objectifs (elles se nourrissent de la colle des lentilles) ou sur les pellicules photo. Il vaut mieux utiliser du matériel tropicalisé et vous équiper de sachets de cristaux de silice que vous laissez dans votre sac photo pour absorber l’humidité. Lorsque les cristaux sont saturés, faites sécher les sachets près d’une source de chaleur (radiateur, four, feu…). Si vous naviguez en pirogue, dans la forêt amazonienne par exemple, vous pouvez ranger votre sac photo dans un sac étanche souple, à acheter avant le départ dans des magasins de sport au rayon plongée, kayak ou canoë : vous limiterez ainsi les entrées d’eau. Dans la mesure du possible, conservez tout votre matériel dans un endroit sec et frais. L’eau de mer. Les embruns maritimes, chargés en sel, peuvent être très corrosifs. Mettez du ruban adhésif étanche sur les boutons et sur la trappe du flash pour limiter les entrées d’eau (pas sur les molettes qui ne pourraient plus tourner !). Soyez particulièrement vigilant aux entrées d’embruns au moment des changements d’objectifs. Si, par malheur, votre appareil photo tombe dans l’eau de mer, rincez-le immédiatement et abondamment avec de l’eau douce puis faites-le sécher au soleil ou sur un radiateur ; vous avez peut-être une chance de le sauver.
Le sable et la poussière
Sable et poussière sont de grands ennemis du matériel photo ! Une fine particule a vite fait de gripper la bague du zoom ou de la mise au point d’un objectif, d’endommager un capteur numérique ou de rayer l’intégralité d’une pellicule photo. Si vous voyagez dans des déserts de sable ou dans des pays à poussière, ne sortez votre matériel photo que lorsque vous en avez réellement besoin pour la prise de vue et rangez-le aussitôt après dans votre sac photo fermé. Mettez-vous à l’abri pour changer d’objectif, de carte mémoire ou de pellicule. Dès que vous le pouvez, vérifiez et nettoyez intégralement votre matériel photo ; videz votre sac photo de toute la poussière ou des grains de sable accumulés pendant la journée, brossez-le ou, encore mieux, passez-y l’aspirateur si cela est possible. Vous pouvez prévoir d’emporter une bombe à air comprimé pour vous faciliter le nettoyage du boîtier et des objectifs. Enfermez votre sac photo dans un grand sac plastique lors des déplacements durant lesquels vous ne vous servez pas de votre appareil ou pour passer la nuit sous une tente en plein désert, par exemple. Pour la prise de vue, vous pouvez protéger votre boîtier avec un sac plastique percé d’un trou pour laisser sortir l’objectif. Si vous constatez qu’un zoom est grippé, ne forcez surtout pas : continuez à vous en servir comme d’un objectif fixe et vous le ferez nettoyer à votre retour par un magasin spécialisé.